Lettre de Gien du 18 novembre 1870


18701118_Gien_1
18701118_Gien_2
18701118_Gien_3
Gien, le 18 novembre 1870

Chère amie
J’aurais bien voulu t’écrire plus tôt, mais depuis quelque temps nous avons toujours marché. Nous avons fait notre entrée à Orléans le jour de la Saint-Martin. Nous avons été assez bien reçus des habitants d’Orléans parce que le temps leur durait beaucoup de loger les Prussiens qui les ruinaient ; ils n’ont pas beaucoup fait du mal dans l’intérieur de la ville mais dans les villages des environs ils ont tout pillé, tel que les vaches, moutons, poules, avoine, foin, etc et tout ce qu’il y avait ils se le faisaient conduire par les propriétaires en leur tenant les pistolets sous le menton. Dans un village que nous avons passé en venant à Gien ils ont fait brûler seize maisons.
Ils ont été obligés d’évacuer Orléans : ils ont été battus dans les environs d’Orléans et il ont éprouvé des pertes assez considérables, A Orléans j’ai vu beaucoup de prisonniers qui avaient été pris la veille. Maintenant nous sommes enrégimentés avec la mobile du Loiret nous sommes partis d’Orléans ensemble ; tout le long de la route on en remarquait qui embrassaient leur père, mère , et leurs amies qui sont très belles et beaucoup gracieuses mais leur toilette ôte toute la beauté de leur visage.

Je pense que nos pays ne craignent de rien pour le moment parce que maintenant qu’ils ont été repoussés ça leur ôtera l’envie de marcher sur Lyon. On nous a dit qu’ils avaient été battus aussi à Besançon et si cela est vrai ils ne pourront pas aller chez nous.
J’ai lu avec peine que ta mère s’était brûlé les pieds mais soigne la bien comme il faut ; toi qui as le bonheur d’être auprès d’elle. Je suis toujours en bonne santé.
J’espère que la présente te trouve de même et aussi ta famille en attendant le plaisir d’aller te voir.
J’ai l’honneur d’être ton ami

Roussillon Claude

Mon adresse est à Gien, mais notre situation a beaucoup de différence avec la première fois que nous y sommes venus, parce que maintenant nous ne couchons jamais en ville, toujours dans les champs au 4ème bataillon 6ème compagnie garde mobile de l’Isère à Gien Loiret
Hier il y avait un bataillon de l’Isère de signalé à la gare de Gien, mais je ne sais pas si c’est notre dépôt ou un bataillon de Grenoble.
Je ne dis pas adieu mais au revoir.

Sylvie Chatelain Mariaux © 2010 - 2024 Mentions légales